Taboubi attaque une nouvelle fois le FMI
La Tunisie, actuellement sous surveillance du Fonds monétaire international (FMI), est contrainte de geler les recrutements dans des secteurs clés tels que l’éducation et la santé malgré le besoin urgent de plus de 7000 professeurs et de milliers de personnel de santé, a déclaré le secrétaire général de l'UGTT, Nourredine Taboubi, mardi, à Washington.
" Le pays est poussé par le FMI à réduire l’appui public aux caisses de retraites et à réviser le niveau de pension en dépit du fait que 60% des pensions de retraite sont inférieures au salaire minimum", a ajouté le responsable syndical dans une allocution prononcée lors d'une rencontre internationale des représentants des syndicats internationaux sur les politiques du FMI et leur impact sur les peuples.
Taboubi qui a été choisi, lors de cette rencontre, pour représenter les syndicats africains et arabes, a déclaré qu'il est difficile de justifier des recommandations de réduction des dépenses sociales pour recapitaliser des banques peu performantes qui financent des activités rentières et qui ne créent pas l’emploi.
En outre, il a jugé "inadmissible" de préconiser aux pays de réduire des prestations universelles tels que les subventions alimentaires et énergétiques, pour les remplacer par des programmes de transferts ciblés qui sont couteux à mettre en place et à administrer et qui excluent une bonne partie des population-éligibles.
"Les programmes ciblés de protection sociales se sont avérés très couteux, et peu soutenable sur le plan politique, sachant que leur précision de ciblage ne dépasse pas 60%", a-t-il ajouté.
Taboubi a appelé les institutions financières internationales à corriger les incohérences internes de leur politiques sociales et à reconnaître que l’absence d’une protection sociale inadéquate ou incomplète accentue la pauvreté, les inégalités, réduit la productivité, et par voie de conséquence la croissance économique.
Il a, par ailleurs, critiqué le FMI pour avoir fermé les yeux sur la fraude fiscale en Tunisie qui atteint annuellement plus 2% du PIB, des dettes accrochées du secteur privé de près de 7% du PIB et une économie informelle qui touche près de la moitié de l’économie et pousse, en même temps, le gouvernement à des coupures budgétaires peu justifiables.
Il a mis l'accent sur la nécessité pour le FMI de réviser sa stratégie de réduction des charges sociales patronales, qui limitent sérieusement les ressources du système de protection sociale et impacte négativement sa soutenabilité.
"La vision des Institutions Financières Internationales nécessite une révision profonde afin qu’elle réponde aux attentes et aspirations des populations à un cadre de vie digne", a-t-il souligné.
Pour ce faire, a-t-il ajouté, il faut une meilleure coordination avec les agences internationales telles que l’UNICEF et l’OIT et d'autres institutions des Nations Unies qui ont des connaissances et des compétences reconnues en matière de protection sociale.
L'élaboration d’une nouvelle vision du FMI pour la protection sociale devrait reposer également sur une approche participative et un dialogue inclusif et responsable entre les différentes parties prenantes à l’échelle nationale, notamment les syndicats, et de tenir compte des spécificités et du contexte de chaque pays.